La photographie de nuit, c'est presque simple

Photographier de nuit a toujours attiré les photographes de tous poils (amateurs, pros, spécialistes de la photographie nocturne, etc). J'ai moi même expérimenté le genre et je vais modestement essayer en quelques lignes de partager cette expérience avec vous.

La photographie de nuit, comme la photo de jour, peut se définir en plusieurs thèmes : street photography, paysages, photos urbaines, etc. Chacun de ces styles réclame une mise en pratique différente, tant au niveau de la technique employée que du matériel à utiliser. Essayons d'y voir un peu plus clair.

Tout d'abord, il vous faudra un appareil débrayable (Reflex de préférence, compact-expert, Hybride ou encore Bridge). Un appareil tout automatique (grand public en principe) ne fera pas l'affaire, même si, sans le vouloir, on peut toujours arriver à sortir une belle photo nocturne en l'utilisant. Ne comptons pas trop sur la chance et organisons plutôt notre séance de prises de vue de manière ad hoc.


Nous allons nous intéresser davantage à la pose longue, celle qui intéresse à priori le plus grand nombre de photographes. La pratique de la photographies nocturne et urbaine en pose longue, notamment, vous permettra d'obtenir des clichés aux effets surprenants (filés de lumière par exemple dus au passage de l'éclairage des véhicules) que vous serez peut-être fiers de montrer à votre entourage, de faire tirer en poster, sur dibon ou autre support, et pourquoi pas d'exposer (à défaut d'une galerie, ce sera...dans votre salon :)).

Pour pratiquer la pose longue, il faudra impérativement fixer votre appareil photo sur un trépied stable et utiliser de préférence une télécommande à distance pour éviter tout flou de bouger. Si vous possédez un Samsung Galaxy, vous pouvez éviter d'acheter une télécommande comme je l'ai récemment expliquer dans cet article.

Photo de nuit sur la Promenade des Anglais focale 18 mm f/8 100 ISO expo 8 S

Si vous souhaitez obtenir de beaux effets étoilés avec les lampadaires (surtout s'ils sont éloignés), il vous faudra opter pour une plus petite ouverture afin d'augmenter les détails du scintillement (entre f/11 et f/16 par exemple). Pour ma part, je règle toujours (sauf exception) mon appareil photo sur le mode AV (priorité à l'ouverture) et dans la mesure du possible, je choisis une sensibilité plutôt basse, entre 100 iso (idéal) et 400 iso. Ceci afin de minimiser le bruit numérique. Les feux verts de la photo ci-dessous sont relativement nets grâce à une ouverture à f/11.

Promenade des Anglais la nuit. Focale 18 mm f/11 100 iso expo 7,35 S. Le scintillement des feux verts est bien marqué.

 Il est souhaitable de réaliser plusieurs essais pour atteindre un résultat satisfaisant. Il m'arrive par exemple, une fois le temps d'exposition défini, de positionner mon appareil sur pose B (Bulb) et de rajouter quelques secondes d'exposition, de déplacer mon trépied de quelques mètres, etc. N'hésitez pas à effectuer plusieurs essais à des expos et avec des focales différentes. Personnellement j'utilise rarement le mode Live view, je préfère coller mon oeil sur l'objectif pour faire mon cadrage et ma mise au point. Du fait que vous travaillerez généralement au grand angle, il sera souvent aisé de faire la mise au point sur l'infini, sans se poser de question.

Il est également important de travailler en Raw pour avoir une (beaucoup) plus grande souplesse dans vos retouches. Je ne vais pas entrer aujourd'hui dans les détails du développement de vos fichiers Raw. De plus, en fonction de sa sensibilité, chaque photographe appliquera des retouches différentes (balance des blancs, contraste, exposition, masques, etc). Pour la photo présenté au début de cet article, j'ai opté au final pour un cut-out (noir et blanc avec une ou plusieurs couleurs) pour renforcer le contraste. C'était juste mon choix du moment.

 Un autre petit détail que j'oublie souvent de mettre en pratique...pensez à dévisser de votre objectif le filtre UV  pour éviter des effets de flare qui pourraient s'avérer gênants et inesthétiques (notons au passage que certains effets de flare sont aujourd'hui recherchés par les amateurs de photos vintages). Les spécialistes iront même jusqu'à cacher le viseur optique de leur appareil pour éviter toute entrée de lumière intempestive.

Dans un de mes précédents articles, je vous avais parlé de l'heure dorée et d'un site qui vous permet de la déterminer précisément en fonction du lieu de prise de vue. En photographie nocturne, on préférera peut-être travailler à l'heure bleue, elle se situe seulement entre 20 et 30 minutes après le coucher du soleil. On l'appelle "heure bleue" car c'est à ce moment que le bleu du ciel est le plus beau (quand il fait beau). Sachez qu'il existe aussi une heure bleue matinale, avant le lever de soleil (avant de partir bosser, sympa une petite séance de photos, non ?). Vous pourrez la déterminer avec précision en consultant le site bluehoursite.com.

Maintenant, voyons tout de même le cas où vous vous trouvez dehors la nuit avec votre appareil mais sans trépied. Vous shooterz quand même bien sûr mais évidemment pas en pose longue.

Vous l'avez compris, il faudra considérablement augmenter la sensibilité ISO et envisager une réduction du bruit généré lors du post-traitement. Tout dépend de votre appareil photo, de la taille de son capteur par exemple. Certains appareils donnent des résultats très acceptables à plus de 3200 iso, voir plus et d'autres...fabriquent de la "bouillie" au-dessus de 1600 iso.

Photographie prise à "main levée" depuis un bateau qui voguait sur le Danube à Budapest :

Pont des chaînes - Budapet. 24 mm f/6,3 à 1600 iso expo 1/5 S

Un élément important et souvent négligé est à prendre en compte pour photographier la nuit : la motivation, celle qui est nécessaire pour sortir (surtout en hiver) prendre des photos. D'où mon titre "presque" simple.

J'espère que cet article vous aura quelque peu motivé et vous donnera envie de faire des prises de vue nocturnes.

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